Accord salarial du gouvernement Vivaldi : un mauvais signal et une réponse insatisfaisante à la crise de compétitivité

Lundi après-midi, le cabinet ministériel restreint du gouvernement fédéral est parvenu à un accord sur une proposition de médiation concernant l’enveloppe bien-être et la norme salariale. Après une première lecture des textes, nous constatons avec regret que le gouvernement Vivaldi ne s’attaque que marginalement à la baisse de compétitivité de nos entreprises.


Pieter Timmermans, ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ
30 novembre 2022

Une note positive…

Commençons par une note positive : l’ancrage de la norme salariale à zéro pour cent est une bonne chose. Avec une perte de compétitivité de 5,7 % par rapport aux pays voisins, c’était le moins qu’on pouvait faire. On évite ainsi d’organiser une augmentation générale et structurelle des coûts salariaux pour l’économie belge.

La répartition de l’enveloppe bien-être a également été ajustée à juste titre par le kern. Par rapport à il y a deux ans, une proportion moins importante de l’enveloppe bien-être sera consacrée aux allocations de chômage. Le budget ainsi libéré sera affecté à une augmentation des salaires minimums. Cela rendra le travail plus rémunérateur que l’inactivité, ce qui est donc un pas dans la bonne direction.

En revanche, rien n’est fait pour remédier à la hausse de notre handicap de compétitivité par rapport aux pays voisins, qui se rapproche à nouveau de 16 %. Cela représente une déception majeure qui, à terme, risque de peser lourdement sur notre pays.

… dans une symphonie qui sonne faux

La désillusion est grande, car le gouvernement envoie les mauvais signaux avec sa proposition de conciliation :

  1. Apparemment, pour le gouvernement, plus la crise de compétitivité est profonde, plus les primes autorisées sont élevées. Nous traversons en effet la crise de compétitivité la plus sévère depuis des décennies, qui affectera inéluctablement la création d’emplois, et le montant des primes uniques est relevé par rapport à la prime corona de maximum 500 EUR de l’an dernier. Vouloir faire la distinction entre des profits élevés et des profits exceptionnellement élevés est une chose à laquelle certains peuvent se cramponner, mais qui disparaît complètement dans l’idée et le train de revendications des syndicats.
  2. D’une part, le gouvernement autorise des exceptions à la loi sur la norme salariale pour un nombre restreint d’entreprises plus performantes alors que, d’autre part, aucune mesure exceptionnelle n’est envisagée pour la grande majorité des entreprises qui sont en crise. Aujourd’hui plus que jamais, la crise de compétitivité actuelle justifie une adaptation de l’indexation automatique des salaires, destructrice d’emplois.
  3. Le dérapage structurel des coûts salariaux n’est absolument pas freiné. La réduction ‘temporaire’ des charges pendant les six premiers mois de 2023 est une bulle d’oxygène bienvenue pour aider à résoudre un problème temporaire de trésorerie, mais elle n’apportera pas de solution structurelle, car les coûts salariaux recommenceront à augmenter dès le 1er juillet 2023.

Alors que la grande majorité des entreprises ne peuvent pas ou à peine faire face à l’explosion des coûts, le gouvernement envoie avec cette proposition de conciliation le signal que la situation n’est pas aussi grave qu’il y paraît. Comment expliquer cela aux chefs d’entreprise qui doivent absorber une indexation de plus de 10 % en janvier, se débattent dans le même temps avec des coûts énergétiques extrêmement élevés et sont confrontés à un handicap salarial de 16 % ? En d’autres termes, il sera encore plus difficile pour les entreprises de sortir indemnes de cette crise.

« La proposition de conciliation est une victoire à la Pyrrhus : à court terme, des primes élevées peuvent être négociées et, à long terme, des emplois seront perdus »

Et comme toujours… le fermier continue à labourer. Les entreprises s’en accommoderont, mais le facteur d’ajustement sera l’emploi. En ce sens, cette proposition de conciliation est une victoire à la Pyrrhus : à court terme, des primes élevées peuvent être négociées et, à long terme, des emplois seront perdus. N’en faisons pas une guerre perdue d’avance. La seule issue réside dans un pacte de compétitivité ambitieux, qui réduit notre handicap salarial et amène ainsi l’emploi vers un terrain plus sûr. Sans cela, notre pays va progressivement glisser vers une crise de compétitivité qui débouchera sur une crise budgétaire…

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