Rapport annuel de la BNB : Le déficit extérieur inquiète, le rétablissement de la compétitivité est crucial !

Vendredi dernier, la Banque nationale de Belgique (BNB) a présenté son rapport annuel sur les développements économiques et financiers de la Belgique en 2022. Un des constats les plus frappants est que l’excédent traditionnel du compte courant de notre balance des paiements (d’environ 0,5 % du PIB en moyenne sur la période 2015-2021) s’est transformé en un déficit considérable d’environ -4 % du PIB en 2022.


Pieter Timmermans, ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ
09 mars 2023

Cela s’explique évidemment en partie par la forte hausse des prix du gaz et de l’électricité entre le printemps 2021 et l’été 2022, qui a rendu l’énergie importée en Belgique beaucoup plus chère. Dès lors, le déficit classique de notre balance énergétique est passé de -2,8 % du PIB en 2015-2021 à -4,4 % du PIB en 2022.

Plus inquiétant, cependant, est le fait que l’excédent traditionnel du compte courant de notre balance des paiements hors énergie (en moyenne +3 à +4 % du PIB sur la période 2015-2021) a lui aussi quasiment fondu en 2022.

Cela est partiellement imputable à une baisse de nos exportations de vaccins COVID-19 en 2022, à l’importation et au stockage d’un nouveau médicament pour traiter les patients du coronavirus et à l’importation de vaccins pour combattre d’autres maladies. Le fait que d’autres matières premières et auxiliaires importées (par exemple les produits agricoles) soient devenues nettement plus chères entre la mi-2021 et 2022 par rapport aux produits d’exportation belges a également joué un rôle. La détérioration globale de nos termes de l’échange (prix à l’exportation/prix à l’importation) a été de 4,7 % par rapport à 2021 et même de 7 % par rapport à 2020.

Par ailleurs, l’excédent de notre balance des services a également fortement diminué, principalement parce que les Belges ont recommencé à voyager davantage à l’étranger après la période COVID (importation de services touristiques) et en raison de notre faiblesse structurelle en matière de commerce électronique, qui pèse sur la balance des services de transport.

Pour l’instant (en 2022), la croissance en volume des exportations de biens a encore relativement bien résisté. Pourtant, nos entreprises exportatrices ont vu l’année dernière leurs coûts d’énergie et d’intrants et leurs coûts salariaux augmenter nettement plus (en raison de l’indexation automatique des salaires (*)) que dans les pays voisins. Toutefois, une grande partie de ces augmentations de coûts n’a pas (encore) été répercutée sur les prix à l’exportation, en partie parce que certains contrats d’approvisionnement ne sont pas encore arrivés à terme, et en partie parce que les entreprises qui ont déjà pu ajuster leurs prix à la hausse n’ont certainement pas répercuté l’intégralité de l’augmentation des coûts.

Les coûts augmentent, la capacité d’investissement diminue

Et c’est là, bien sûr, que se situe le problème fondamental auquel sont confrontées nos entreprises aujourd’hui. Si elles ajustent leurs prix en fonction de la croissance des coûts, les prix des produits belges augmenteront nettement plus que ceux de leurs concurrents étrangers et elles risquent de perdre des parts de marché dans les années à venir.

Si elles ne le font pas ou pas complètement (comme cela semble être le cas actuellement), elles perdront en rentabilité et disposeront de moins de flux de trésorerie pour investir dans l’avenir (verdissement, numérisation, innovation en matière de produits et de processus). L’étude microéconomique sur la rentabilité des entreprises, également abordée dans le rapport annuel de la BNB, montre déjà que la plupart des secteurs ont vu leurs marges bénéficiaires médianes chuter de manière significative en 2022, le plus souvent en dessous de la moyenne à long terme.

La peste ou le choléra

Pour les entreprises belges, 2023 sera donc une année difficile où elles devront choisir entre la peste (augmenter les prix et perdre des parts de marché) et le choléra (augmenter moins les prix et voir leur rentabilité diminuer). Si elles optent pour la première solution, nous risquons en outre d’être confrontés à une spirale prix-salaires à plus long terme. Et si elles privilégient la seconde, nous risquons de prendre du retard en matière d’investissements dans l’innovation, le verdissement et la numérisation.

Nous nous trouvons donc actuellement dans une situation où nous pouvons espérer le scénario le moins dommageable, mais devons aussi nous préparer au pire…

Nous devons espérer le scénario le moins dommageable, mais devons aussi nous préparer au pire

Il faut espérer que nos responsables politiques le comprennent et prennent des mesures urgentes pour rétablir la compétitivité de nos entreprises. Cela peut se faire par une intervention structurelle dans notre mécanisme d’indexation, par une réduction des charges patronales sur le travail (par exemple en rendant structurelle la réduction de 7,07 % des cotisations patronales à la sécurité sociale), par un assouplissement du fonctionnement de notre marché du travail ou par le maintien ou — mieux encore — le renforcement du climat fiscal favorable aux investissements dans la R&D et l’innovation.

(*) La BNB prévoit que notre handicap salarial horaire par rapport à 1996 et par rapport aux 3 pays voisins va remonter à 5,7 % en 2024, après avoir été presque totalement supprimé en 2019.

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