Le transfert modal comme levier d’une mobilité durable
Nombreux sont ceux qui avaient espéré que l’augmentation du télétravail aurait eu un impact significatif sur la mobilité. Hélas, tous ceux qui écoutent les informations sur les embouteillages à la radio le matin savent ce qu’il en est. Les premières études montrent d’ailleurs que nous ne nous déplacerons pas moins, mais davantage dans un périmètre plus restreint.
Pourtant, les possibilités ne manquent pas pour remettre la mobilité de notre pays sur les rails : meilleure répartition des déplacements pour éviter les pics, gestion intelligente du trafic, travaux pendant les périodes de vacances, suppression des chaînons manquants… D’ailleurs, une « nouvelle » mobilité durable profiterait non seulement à notre économie et au bien-être de chacun, mais aussi largement au climat. Le récent rapport du GIEC sur le climat a une fois de plus montré à quel point il est urgent de réduire nos émissions de CO2. Quand on sait que le secteur du transport représente aujourd’hui environ 22 % de nos émissions totales et que l’Europe — et donc aussi la Belgique — veut atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050, le message est clair : il faut (sensiblement) réduire les embouteillages, la pollution de l’air et les émissions de CO2, améliorer l’infrastructure...
« La mobilité durable ne relève pas d’une illusion ou de la science-fiction »
Artère vitale
Tout le monde sait que la prospérité dans notre pays repose en grande partie sur notre rôle de plaque tournante logistique au sein de l’Europe, qui représente 6,6% de la valeur ajoutée créée par le secteur privé en Belgique. On ne peut se permettre de sectionner cette artère vitale. Il y a des années déjà, la FEB et ses fédérations sectorielles membres se sont engagées sur la voie d’une transition réaliste mais soutenue, la voie de l’écoréalisme, et ce dans plusieurs vastes domaines sociétaux tels que l’énergie, l’économie circulaire, la gestion des déchets... et la mobilité.
À l’occasion de la semaine européenne de la mobilité, la FEB attire l’attention sur une des solutions dans la transition vers une mobilité durable : le transfert modal. Ou, pour le dire plus simplement : on utilise la voiture ou le camion lorsque c’est le mode de transport le plus adapté et on opte pour des moyens de transport plus durables le reste du temps. Ainsi, pour chaque déplacement, on utilise le mode de transport le plus adéquat, et ce tant pour les personnes que pour les marchandises.
Trois conditions
Un tel transfert modal ne peut être encouragé que si trois conditions sont remplies.
- Ainsi, il est essentiel de disposer d’une infrastructure (autoroutes à vélo, parkings dissuasifs…) et d’une offre (mobilité partagée, transports publics…) de qualité pour tous les moyens ou modes de transport. Pour stimuler l’utilisation de ces moyens de transport, il faut que l’offre soit de qualité, flexible, attractive et à un prix compétitif.
- Mais la plupart des moyens de transport alternatifs ne permettent pas de se rendre de porte à porte et c’est là qu’on peut combiner différents moyens ou modes de transport. Pour se rendre au travail par exemple, on peut prendre la voiture jusqu’à la gare, puis le train, et enfin le métro ou une trottinette partagée pour atteindre sa destination finale. En ce qui concerne le fret, il faut opter pour la combinaison optimale entre le transport par route, par rail et par bateau. C’est ce qu’on appelle l’intermodalité. Mais cette multimodalité et intermodalité nécessitent une bonne connexion entre les différents moyens de transport, une meilleure intégration des horaires, du ticketing et des tarifs, une chaîne logistique continue, efficace et fiable... Il appartient aux autorités d’élaborer une vision intégrée commune de la mobilité et de l’intermodalité.
- Enfin, il faut une adaptation des mentalités et la volonté d’opter pour des moyens de transport alternatifs lorsque c’est la meilleure solution. C’est à chacun de nous, entreprises, citoyens, autorités compétentes, d’entamer cette démarche.
Soyons clairs, la mobilité durable ne relève pas d’une illusion ou de la science-fiction. Elle est parfaitement réalisable si chacun est disposé à apporter sa contribution. Chaque pas dans la bonne direction est un bon pas, pour le climat, pour l’économie, pour la prospérité... et pour le bien-être de tous.