Le laboratoire citoyen de RENÉ BRANDERS (FIB BELGIUM)

Dans Let’s Talk, la FEB vous fixe rendez-vous avec une figure clé du monde entrepreneurial en Belgique chaque dernier jeudi du mois. Qui se cache derrière la femme ou l’homme chef d’entreprise ? Quel est le moteur qui la ou le pousse à faire tourner son activité 24h sur 24, 7j sur 7 ? La passion des chiffres, les gènes, l’ambition... ? Let’s Talk raconte une histoire personnelle, un businesscase dynamique sur la scène et dans les coulisses. Notre invité est René Branders, CEO de FIB Belgium, qui conçoit des fours pour la production de fils métalliques. Par ailleurs président d’Agoria, la fédération de l’industrie technologique, de Sirris, son centre collectif de recherche et d’innovation, et enfin de la Fédération des chambres de commerce belges, René Branders est aussi un passionné d’archéologie, indissociable pour lui de l’histoire économique : « Le monde tel que nous le connaissons n’est qu’une caisse de résonance des innovations et des échanges commerciaux opérés il y a des siècles et des siècles ».

« Une entreprise ne renvoie pas uniquement à un entrepreneur et à des processus. Elle est un laboratoire citoyen qui 'percole' au travers d’une série de réalités socio-économiques »

On sait l’histoire de Microsoft et d’Apple liée à un garage. Celle de FIB Belgium – anciennement Four industriel belge – est née en 1936 dans … une cave. C’est là que le grand-père de l’actuel CEO a eu l’idée de créer un four pour la combustion du gaz naturel, une ressource toute nouvelle à l’époque. C’est aussi le point de départ du développement en continu d’une spécialité de niche, qui place aujourd’hui la société parmi les leaders dans la fabrication de machines destinées à produire des fils métalliques (que l’on retrouve aussi bien dans les véhicules que dans les ponts suspendus et les cuves à vin).

CRÉATIVITÉ ET VIGILANCE

Comme beaucoup d’autres, l’entreprise fait aujourd’hui face à d’importantes pénuries d’approvisionnement de composants : pompes, réfractaires, pièces électroniques, etc. Pénuries encore aggravées par le conflit entre l’Ukraine et la Russie. À cela s’ajoutent des coûts énergétiques qui s’envolent. Pour maintenir le cap, l’entreprise a prévu une modification de sa méthodologie – en y intégrant dorénavant le risque d'imprévisibilité –, ainsi qu’une modification des approches d’engineering – en y définissant plus tôt, voire très tôt, les matériaux dont elle a besoin. « Nous avons également revu nos standards électroniques et notre politique de stockage des composants électroniques. De même que notre politique d’expédition. Nous procédons désormais par « alignement » de lots, afin de réduire le nombre d’expéditions », explique le CEO.

Afin de diminuer l’impact de ces augmentations sur les prix finaux, l’entreprise innove, en se tournant, notamment, vers des formules de leasing. Ainsi, pour des composants spécifiques d’équipements devenus très onéreux, et afin de soulager la trésorerie des clients, l’entreprise propose un paiement de type « leasing ».

En tant que fournisseur équipementier essentiellement tourné vers l’exportation – 61 pays couverts -, René Branders dit avoir actuellement une vision quasi duale de l’économie : « Le Mexique et le Brésil, par exemple, présentent une dynamique économique en rupture complète avec ce qui se passe en Europe. Ces pays semblent tout à fait découplés de la tension énergétique et géopolitique que nous connaissons ».

Mais il y a aussi un dénominateur commun à ces dynamiques et niveaux économiques, qui les met sur un pied d’égalité : la transition énergétique, et notamment l’accès aux ressources, « enjeu majeur qui appelle toute notre vigilance en tant qu’industriels ».

FINI, LE TEMPS DES CERTITUDES

Cela dit, la transition énergétique est avant tout une « opportunité » pour René Branders, en ce qu’elle sensibilise et pousse à l’optimisation de l’existant. « C’est un moment à saisir pour repenser nos investissements structurels et infrastructurels en vue d’utiliser la bonne énergie au bon moment, de la restituer quand on n’en a pas besoin, etc. » Une opportunité, même vis-à-vis des clients et concurrents moins « regardants » sur la question climatique ? Aux clients, où qu’ils se situent, René Branders met en point d’honneur à toujours expliquer pourquoi lui préfère jouer la carte de la durabilité. « Car aujourd’hui, on sait que tout peut arriver. Il est fini le temps des certitudes. Il y a tout intérêt, quel que soit le contexte concurrentiel, à entreprendre sur un socle de valeurs qui font sens pour le futur. »

Notre CEO invité aime d’ailleurs souligner que le paquet ‘Fit for 55’ de l’Europe est ‘une’ ambition pour y arriver. Mais qu’elle n’est pas la seule. « L’Arabie Saoudite, dont l’économie est pour le moins très carbonatée, est aussi en pleine réflexion énergétique. Notre défi, à nous Européens, dans le cadre du ‘Fit for 55’ est celui de la cohérence, absente à ce jour des débats entre pays. Or, seule une vision stratégique partagée permettra d’aboutir à quelque chose qui tient la route. »

UN LABORATOIRE CITOYEN EXTRAORDINAIRE

René Branders est en fervent partisan des démarches qui stimulent les réflexions croisées – entre experts, CEO, collaborateurs ou citoyens, pas forcément du même avis sur tout – mais qui en définitive permettent des « alignements de valeurs ». « Une entreprise ne renvoie pas uniquement à un entrepreneur et à des processus. Elle n’est pas une cellule fermée sur elle-même. Elle est un laboratoire citoyen qui « percole » au travers d’une série des réalités socio-économiques qui poussent les managers, les collaborateurs, à réfléchir, à créer, à innover. » René Branders en veut pour preuve tout ce que la crise du COVID a apporté en termes de pragmatisme et de créativité dans le pilotage managérial.

Guerre des talents, protection du savoir-faire, résilience, spécificité du métier d’exportateur sont autant de thèmes parcourus dans ce podcast et sur lesquels René Branders s’exprime ouvertement, sans se départir de son calme. Il doit pourtant bien y avoir des situations qui le fâchent ou le crispent ?

Oui : la hauteur des coûts salariaux. « Quatre collaborateurs fantômes à temps plein, qui ne produisent rien, mais qui vous obligent à revoir vos marges et en définitive votre productivité ! », c’est l’image forte qu’il utilise pour résumer ce à quoi revient la hausse de près de 8% de la masse salariale. « Il faut pouvoir expliquer cela au client étranger ! Autant je suis pour et trouve normal que l’on s’efforce de préserver le pouvoir d’achat de personnes fragilisées, autant je trouve anormal de faire porter par les entreprises la charge totale des augmentations successives. »

Oui aussi : certaines pratiques commerciales déloyales et dangereuses. Les (rares) concurrents de FIB Belgium se situent hors Europe et nécessitent une vigilance permanente en termes de lutte contre le rétro-engineering, qui a souvent pour finalité le copiage. Mais le problème des équipements non conformes à la directive européenne « Machines » et à sa déclinaison de normes pour la sécurité se pose en Europe aussi « à la faveur d’autorités locales qui ferment les yeux. C’est ainsi qu’il y a chez nous également, importées de marchés non européens, des machines qui sont de véritables bombes. Je le déplore, car si un incident intervient, il entache la réputation de tout un secteur. » 

Écoutez l'intégralité du podcast… via Spotify ou Apple Podcasts

 


Bloquez dès à présent dans votre agenda la date du prochain podcast Let’s Talk de la FEB. Notre invitée sera Stephanie De Bruyne, la CEO qui veut pousser notre identité numérique, istme, vers les sommets européens. Comment ? Elle nous le dira le jeudi 29 septembre 2022.

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Un environnement entrepreneurial optimal est essentiel à une économie saine et à une croissance durable. La FEB entend contribuer à la création et au maintien d'un tel environnement, notamment en suivant attentivement tous les dossiers qui touchent de près la vie des entreprises. Voici, regroupés sous 18 thèmes, les dossiers sur lesquels elle concentre ses réflexions et initiatives.


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