Let’s Talk, le podcast de la FEB, avec Pascal De Buck (CEO Fluxys)

Dans son podcast Let’s Talk, la FEB a, chaque dernier jeudi du mois, rendez-vous avec une figure clé du monde entrepreneurial en Belgique. Qui se cache derrière la femme ou l’homme chef d’entreprise ? Quel est le moteur qui la ou le pousse à faire tourner son entreprise 24 h sur 24, 7 j sur 7 ? La passion des chiffres, les gènes, l’ambition... Let’s Talk… raconte une histoire personnelle, un businesscase dynamique sur la scène et dans les coulisses. Écoutez aujourd’hui Pascal De Buck, CEO de Fluxys, l’entreprise belge chargée du transport du gaz et de son infrastructure. L’homme qui fait brûler le gaz en Belgique se dévoile rarement. Nous sommes curieux de découvrir ce que ce stratège né nous révélera.

« Morale de l’histoire : le gaz est synonyme de croissance et d’écologie. »

Avec plus de mille collaborateurs, plus de 8.000 kilomètres de gazoducs en Europe et une infrastructure impressionnante de stockage et de transbordement, Fluxys est un acteur décisif du paysage énergétique belge… et au-delà. Depuis 2016, le groupe est dirigé par Pascal De Buck qui, en coulisses, a transformé le réseau gazier belge en une entreprise européenne prospère.


Sans frontières

Qui dit gaz, pense cuisine, chauffage, production, politique et, surtout… big business. Même si notre pays n’a pas de réserves de gaz ou d’entreprises d’extraction, « il est situé au centre de l’Europe et peut faire la différence comme intermédiaire et plaque tournante », explique De Buck. Du gaz en provenance de Norvège, de Russie, d’Amérique, du Qatar et d’autres coins du monde arrive en Belgique, reliant Fluxys et donc notre pays avec les plus grands producteurs gaziers du monde. « Les grands marchés régionaux sont l’avenir de notre activité. C’est pourquoi nous investissons dans les réseaux énergétiques des pays environnants et dans les terminaux LNG de Zeebrugge et de Dunkerque, où nous pouvons importer et transborder du gaz naturel liquéfié. De même, la transition énergétique ne s’arrêtera pas à nos frontières. En effet, la production européenne d’énergie neutre en CO2 ne suffira pas à couvrir nos besoins. En d’autres termes, le transport et l’importation font partie de la solution. Ainsi, l’Europe mise dès aujourd’hui sur l’hydrogène pour développer un marché européen de l’énergie respectueux du climat. »

Infrastructure et savoir-faire

Dans l’intervalle, Fluxys regarde déjà bien au-delà de l’Europe. Le groupe a des têtes de pont à Singapour et au Brésil pour approcher les marchés énergétiques du Sud-Est asiatique et d’Amérique latine. Pascal De Buck a l’ambition d’augmenter substantiellement la taille de Fluxys afin que l’entreprise puisse également jouer un rôle ailleurs dans le monde. « Notre expérience dans le domaine du transport et de l’utilisation de gaz neutres en carbone est un atout important à cet égard. Nous nous tournons évidemment aussi vers des pays qui sont très bien positionnés pour produire de l’énergie renouvelable, comme ceux du Moyen-Orient où le soleil et le vent sont abondants. Nous aurons également besoin d’infrastructure et de savoir-faire pour développer ces ressources. Conclusion : Fluxys est devenu un produit d’exportation, tant pour les gazoducs que pour l’infrastructure LNG. Notre expérience d’un marché dans lequel les producteurs, les fournisseurs et les entreprises d’infrastructure opèrent indépendamment les uns des autres est un atout important. »

Pieuvre européenne du gaz

Cette stratégie de croissance doit faire de Fluxys la pieuvre européenne du gaz, où le réseau belge est le corps d’où partent des tentacules vers tous les principaux endroits où le gaz est extrait, produit, commercialisé ou consommé. « La Belgique occupe une position centrale comme pays de transit du gaz. C’est un avantage non négligeable pour les ménages et les entreprises belges. En effet, plus le gaz circule dans notre pays, plus l’utilisation du réseau génère des revenus et moins le consommateur belge doit payer. »

Les revenus de Fluxys sont également importants pour les autorités locales, qui sont le principal actionnaire via Publigaz. Est-ce pour cela qu’il est si important que l’infrastructure gazière reste sous contrôle public ? De Buck souligne que Fluxys est une entreprise privée, mais que les communes belges en sont l’actionnaire public. “La sécurité de l’approvisionnement en gaz est essentielle pour notre économie et, par extension, pour l’ensemble du pays. C’est un choix important pour la société que de continuer à défendre cet intérêt général. La participation publique au capital est une manière de l’assurer. »

Solution mixte

Si l’on en croit les grands médias, le gaz est en passe de redevenir la source d’énergie la plus importante dans notre pays et, par extension, en Europe. Selon notre hôte, il y a toutefois une grande différence entre la perception et la réalité. « Pendant la période de transition, le gaz naturel conservera une part importante du mix énergétique. Les experts européens et autres affirment que d’ici 2050, la moitié du mix énergétique sera constituée d’électricité renouvelable et les 50% restants seront des vecteurs énergétiques neutres en carbone, tels que l’hydrogène et le biométhane. Il s’agit donc d’une solution mixte. Aujourd’hui, nos infrastructures transportent du gaz naturel, mais pourquoi ne pourraient-elles pas à l’avenir transporter du CO2 capté ou de l’hydrogène ? Le gaz, ce n’est pas que le gaz naturel. C’est à Fluxys de préparer son réseau à ce transport d’autres gaz et de le rendre pérenne. »

Gestionnaire de réseau indépendant

Les responsables politiques ont de nombreux projets : citons le pacte énergétique interfédéral, le plan national énergie-climat et le pacte national d’investissement stratégique. Au niveau européen, il y a le Green Deal. Il est grand temps, selon Pascal De Buck, d’adopter des mesures concrètes et réalistes. Ses messages au nouveau ministre fédéral de l’Énergie sont clairs : « Commencez dès aujourd’hui à construire et transformer effectivement le nouveau marché, car cela prendra beaucoup de temps. Créez un gestionnaire de réseau indépendant qui élaborera un cadre réglementaire clair dans lequel Fluxys pourra, en tant qu’opérateur neutre du marché, jouer pleinement son rôle dans la transition énergétique en intégrant le gaz vert et les technologies gazières innovantes dans son infrastructure. »

Hydrogène vert

Il y a deux ans, Fluxys a lancé, en collaboration avec Colruyt Group et Parkwind, le projet d’énergie verte Hyoffwind, la première grande installation en Belgique destinée à convertir l’électricité renouvelable en hydrogène vert par électrolyse. Pascal De Buck a déclaré alors à la presse : « Ce projet donne le coup d’envoi au développement de connaissances locales sur l’hydrogène et l’économie de l’hydrogène. Nous pouvons développer des applications qui permettront à notre pays de rejoindre le peloton de tête d’ici quatre à dix ans. » Deux ans plus tard, il est toujours aussi optimiste pour l’avenir. « Ce projet montre à l’Europe que nous sommes dans la course vers un marché de l’énergie verte. Fluxys n’a aucun intérêt dans les vecteurs énergétiques, mais l’hydrogène vert peut être transporté et stocké dans notre infrastructure de gaz naturel existante, ce qui pourrait rendre possible le stockage saisonnier d’énergie renouvelable à l’avenir. Dans le même temps, le gaz naturel devient plus pauvre en carbone et donc plus durable en tant que source d’énergie pour le chauffage, la mobilité et l’industrie. En outre, l’hydrogène vert peut être utilisé comme une énergie ou une matière première zéro carbone dans la mobilité, la logistique et les processus industriels, tels que la chimie et l’industrie sidérurgique. »

Le CO2 retient également l’attention dans le modèle commercial de Fluxys. Avec six autres acteurs, elle participe à ‘Power to Methanol Antwerp’. L’objectif est de construire une installation de démonstration d’ici 2023 pour fabriquer du méthanol durable à partir d’hydrogène et CO2  capté ailleurs dans le port. Un bel exemple d’économie circulaire : des déchets deviennent matière première.

Écoutez … via Spotify ou Apple Podcasts

Bloquez dès à présent la date dans votre agenda pour le prochain podcast Let’s Talk de la Fédération des entreprises de Belgique. L’invité sera Yves Prete, président de la Sonaca, active dans les domaines de la construction aéronautique et aérospatiale. Fort de 40 ans d’expérience, il connaît parfaitement son secteur et maîtrise aussi les rouages socio-économiques wallons en tant qu’ancien président de l’UWE. Il nous en parlera dès le 25 février 2021.

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Un environnement entrepreneurial optimal est essentiel à une économie saine et à une croissance durable. La FEB entend contribuer à la création et au maintien d'un tel environnement, notamment en suivant attentivement tous les dossiers qui touchent de près la vie des entreprises. Voici, regroupés sous 18 thèmes, les dossiers sur lesquels elle concentre ses réflexions et initiatives.


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