Let’s Talk, le podcast de la FEB, avec Annick Van Overstraeten (CEO Le Pain Quotidien)
Dans Let’s Talk, la FEB vous fixe rendez-vous, chaque dernier jeudi du mois, avec une figure clé du monde entrepreneurial en Belgique. Qui se cache derrière la femme ou l’homme chef d’entreprise ? Quel est le moteur qui la ou le pousse à faire tourner son activité 24h sur 24, 7j sur 7 ? La passion des chiffres, les gènes, l’ambition …? Let’s Talk… raconte une histoire personnelle, un businesscase dynamique sur la scène et dans les coulisses. Vous entendrez aujourd’hui Annick Van Overstraeten, CEO de Le Pain Quotidien, qui évoquera l’essentiel de ses rêves, de sa stratégie et de sa vision du marché et de la société.
« Je ne suis pas carriériste. J’aime ce que je fais. »
La nouvelle CEO de Le Pain Quotidien, Annick Van Overstraeten, a toujours été attirée par « tout ce qui a trait à la nourriture ». C’est Leonidas qui l’a propulsée dans le secteur alimentaire. Ensuite, elle a dirigé, pendant cinq ans, la chaîne de fastfood Quick en Belgique et au Luxembourg. Après cela, elle a débarrassé Lunch Garden de son image poussiéreuse. Elle est, depuis peu, chargée de donner un nouvel élan au Pain Quotidien.
« Madame Restaurant »
Annick Van Overstraeten est un nom bien connu dans le secteur de l’alimentation et de l’horeca en Belgique. Est-ce une opportuniste ? Non, mais elle sait parfaitement ce qu’elle veut, et surtout ce qu’elle ne veut pas, et ce tant dans son travail que dans sa vie privée. Lorsqu’on lui a proposé le poste la première fois chez Lunch Garden, elle a refusé. Elle ne voulait pas se voir coller l’étiquette de « madame restaurant ». Finalement, elle a quand même franchi le pas et aujourd’hui elle en est fière. « Parce que ce secteur continue de me fasciner. C’est surtout sa valeur ajoutée qui m’intéresse, le fait de voir la matière qu’est la nourriture se transformer en un plat qui est vendu au client. Cela me passionne. »
La base est-elle bonne ?
Dans son entourage, plus personne ne croyait possible la résurrection de Lunch Garden, une enseigne devenue très poussiéreuse. Mais Annick Van Overstraeten s’est attelée à cette tâche « impossible ». Si l’on veut créer une véritable valeur ajoutée, la base doit être bonne. C’est son leitmotiv, qui vaut également depuis qu’elle a repris les rênes du Pain Quotidien, un poste dont elle rêvait depuis des années. « Parce que c’est une marque authentique, un concept fantastique et une des rares entreprises ayant une renommée internationale. Cela vient d’un fondateur, Alain Coumont, qui s’en tient aux fondements de sa mission. Les Belges ont trop tendance à vouloir s’adapter à d’autres cultures. Or, ce n’est pas une bonne chose. Le Pain Quotidien fait ce qu’il est. You buy it, or you don’t. »
Notre invitée ne nourrit pas de grands rêves. « Je ne suis pas carriériste, mais je fais les choses parce que j’aime cela. Je propose toujours ce petit quelque chose de plus que ce qu’on attend de moi. J’aime ce que je fais. » Comme lorsque j’étais directrice commerciale chez Leonidas, une entreprise réputée impossible avec un CEO impossible. « J’y travaillais jour et nuit, mais ne me suis jamais demandé “what’s in it for me?”. Et la récompense venait tout naturellement. »
Si l’on voit trop petit...
Les fondements d’une entreprise ne sont pas une donnée purement rationnelle, ils sont également culturels. Ainsi, chez Lunch Garden, cela a coincé avec le fonds d’investissement britannique parce que, selon Annick Van Overstraeten, les actionnaires ne connaissaient pas ou pas suffisamment le marché belge. Cet aspect culturel ne complique-t-il pas considérablement le business international ? « Si l’on pense trop petit, on ne réalisera que de petites choses. On peut viser haut si les bases sont bonnes. Dans le secteur de l’horeca ou de la distribution surtout, il est essentiel d’être en ordre avec ses produits, services, processus, clients... avant de vouloir traverser les frontières. Dans notre secteur, une expansion trop agressive comporte des risques importants. »
Aujourd’hui, le secteur de l’alimentation et de l’horeca n’est pas le plus reposant. Il faut pouvoir réagir vite lorsque les chiffres indiquent que quelque chose ne tourne pas rond. C’est presqu’une science exacte. De plus, il s’agit d’un secteur essentiel, car l’homme « mange » trois fois par jour, et l’horeca contribue à sa santé mentale. « Quel que soit le secteur, le succès d’une marque dépend de la perception qu’en a le client. C’est le plus important. Cette couche émotionnelle repose sur une série de données et de processus précis qui fait que vous proposez le bon produit au bon moment au client, et ce au juste prix. Une de mes priorités au Pain Quotidien consiste à automatiser la “Point of Sales Information” et à l’exploiter au maximum pour renforcer la confiance et la fidélité de la clientèle. »
Jusqu’au ciel ?
Le succès de toute entreprise est tributaire de son ancrage sur le marché et dans la société. L’époque est révolue où la valeur actionnariale était l’objectif absolu. Aujourd’hui, c’est la valeur pour les stakeholders, ou « creating value for society », qui priment. Annick Van Overstraeten espère que les investisseurs prennent progressivement conscience que « le court terme n’est pas la panacée. Grâce aux consommateurs et aux entreprises de plus en plus soucieux du monde qui les entoure, nous parviendrons à un nouvel équilibre entre création de valeur pour les actionnaires et pour les stakeholders et à aligner les objectifs à court terme avec la vision à long terme. À cet égard, la crise du COVID-19 a au moins le mérite de nous avoir fait comprendre que les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel ».
Notre podcast Let's Talk : rendez-vous tous les derniers jeudis du mois
Bloquez dès à présent dans votre agenda la date pour le prochain podcast Let’s Talk de la Fédération des entreprises de Belgique. L’invité sera Axel Smits (Chairman de PwC Belgium), qui parlera avec enthousiasme de sa passion pour la technologie et les impôts. Une matière aride, pensez-vous ? Écoutez-le le jeudi 31 décembre 2020.